RUBRIQUES
DÉBAT
Depuis sa création, la revue In Analysis propose de mettre l’accent sur la pluralité des approches et l’intérêt pour le développement des connaissances, de la confrontation des théories, des pratiques et des méthodes.
C’est ainsi que dans chaque numéro nous proposons une rubrique Débat au sein de laquelle un texte d’ouverture est discuté par au moins deux commentateurs ; l’un du même champ que l’auteur ; l’autre d’un champ différent. Notre manière d’envisager le débat s’ancre donc foncièrement dans une visée d’ouverture et de construction.
Le nombre de caractères pour l’ouvreur, comme pour les discutant n’est pas limité. Ce qui nous intéresse et intéresse les lecteurs c’est le développement d’une discussion et d’une pensée critique. Il est évidemment à considérer que celui qui ouvre le débat prend le risque d’engager sa parole et de la prêter à la discussion. Cette prise de risque se doit d’être reconnue et considérée afin de permettre l’ouverture d’un débat vivant et créatif.
L’ouvreur du débat présente la construction d’une réflexion à partir d’un thème en proposant soit un angle théorique original soutenu par une ou plusieurs hypothèses, soit sous la forme d’une revue de la littérature. Cette réflexion doit accorder une place aux questionnements pluridisciplinaires permettant à d'autres spécialistes d'intervenir pour enrichir le débat par des compléments voire de nouveaux questionnements autorisant d'autres intégrations transdisciplinaires avec les tensions et les incertitudes que cela peut générer.
Le commentateur propose, en appui sur le texte d’ouverture, une réflexion/réaction qui tend à déplier la proposition par un regard critique en accord avec la complémentarité et la multiplicité des vues qui caractérisent toute construction scientifique, notamment au sein des sciences humaines et sociales ; l'auteur du commentaire peut de cette manière apporter des articulations et une expérience complémentaires, issues de sa discipline, de sa pratique et de ses recherches.
La rubrique Débat doit, selon nous, rester un espace d’échange et de partage dynamique dans lequel la conflictualité et la pensée critique sont mises au service du développement de connaissances.
Pour aller plus loin
Débat désigne une controverse, une querelle. Oui, nous pourrions trouver plaisir à nous battre vivement. Mais n’oublions pas que débat désigne des discussions et, si d’abord le premier usage de débats au pluriel se fait dans un procès au XIIIe siècle, ensuite il entre dans le vocabulaire parlementaire pour désigner les délibérations. En ce sens, il correspond à l’anglais to debate (emprunt au français) qui désigne en Angleterre dès le XVIe siècle les délibérations officielles dans une institution publique et notamment au Parlement (1500).
Nous voulons penser ensemble. Nous ne voulons ni juger ni comparer. Débat, controverse, n’est-ce pas parler contre? Oui, si c’est tout contre, dans un esprit de curiosité et d’ouverture. Oui aussi, si l’esprit de critique use du mode polémique, non pas au sens de faire la guerre dont le but est l’anéantissement de l’autre, de la domination de l’un sur l’autre, mais pour établir les fondations d’une pensée sur laquelle pouvoir approfondir, réfléchir pour envisager des perspectives et innover des savoirs. Et qui sait, débattre peut inventer des savoir-être et des savoir-faire, jusque-là impossibles, grâce à d’originales controverses qui ont pu nous paraître d’abord complètement absurdes avant d’en ressentir les effets décapants dissolvant les rigidités.
La science éclaire en sagesse les mythes et les mythes nourrissent la science et le réel. Les découvertes scientifiques sont souvent venues de l’inattendu, de la surprise, de l’inouï. Einstein n’a-t-il pas dit : « Si une idée n’est pas a priori absurde, elle est sans espoir » ? (Bebe P., 2018, p.108).
L’ouvreur du débat, c’est une voix qui naît de l’écoute d’autres auteurs et d’autres livres, passionnément, généreusement, et qui parle vers, vers les lecteurs de la revue et vers les commentateurs pour qu’eux-mêmes entrent dans le débat. Il y a une profonde humanité dans cette pratique du langage de l’ouvreur du débat. L’écriture de l’ouvreur sait qu’elle a besoin des commentateurs pour être. Car la parole qu’elle produit n’arrive à son but, ne voit sa naissance que si elle est répercutée par la bouche de l’autre.
Et du côté du commentateur, rien ne naît de l’autre si l’autre est anéanti. Commenter, ce n’est pas chercher la domination mais faire entendre une voix qui naît de l’écoute du texte d’ouverture au débat et qui cherche à son tour l’écoute des lecteurs et des chercheurs. L’écriture, la parole, peut chercher la lutte mais jamais la peau de l’autre. Car l’enjeu est le plaisir de la lutte et d’une critique profonde, pour elles-mêmes et leur prix : un point de vue sur le vrai problème en débat. Si on écrit plutôt contre, que ce ne soit pas en monologue. Mais plutôt une polémique au sens d’une critique profonde où écrire en divergence, avec audace, c’est accueillir dans son écriture l’écriture de l’autre et des autres en les ayant véritablement lus, au sens d’accueillir leurs singularités de pensée et l’originalité de leurs langues.
C’est la systématicité interne de chaque interlocuteur, de chaque regard qui enrichit le lecteur du débat, et l’emporte dans l’inconnu et le transporte à débattre à son tour librement, dérouté de son connu, ouvert à son tour à oser dire.
La dispute positive est donc celle qui laisse à l'interlocuteur sa place et, entre les deux protagonistes, l'espace du dialogue. Alors il devient clair que la question est celle du trop, rav, et du trop peu, meat. Lorsque le moi s'étend à toutes les rives, il ne laisse aucun espace, ni à l'autre ni à la création, ni à la vie. La volonté de toute-puissance est mortifère, on ne le sait que trop. (...). La parole n'est possible que si un espace s'est créé entre l'un et l'autre, un vide dans lequel le dibour, la parole peut se former, le mot créateur (...). Si on remplit le monde, si l'on prend trop de place, si l'on nie les différences, si l'on est aveugle à ses propres failles, le mot est une gifle, la dispute se termine en engloutissement, la bouche dévore l'humanité. Mais si, au contraire, on pèse ses mots, ni trop, ni trop peu, que l'on laisse à l'autre l'espace de la respiration sans vouloir s'y mettre, que l'on laisse à l'autre la capacité d'être une autre rive, le langage est une caresse de l'âme, à fleur de peau (P. Bebe, 2018).
BIBLIOGRAPHIE
Bebe P., 2018, Le cœur au bout des doigts, Actes Sud.
La rubrique Laboratoire d'idées est destinée aux écrits ne répondant pas entièrement aux critères d'un article original (impliquant une recherche qualitative et/ou quantitative annonçant clairement un cadre théorique, une problématique, une méthode, des résultats, etc.), mais qui sont tout aussi importants pour l'articulation psychanalyse-sciences. Nous accueillons dans cette rubrique des essais, des témoignages, des opinions, des explorations personnelles, etc.
Le terme essai, par exemple, recouvre une large gamme de formes et styles d'expression, allant du plus objectif au plus subjectif et faisant appel à diverses argumentations et descriptions. Dans le cadre qui est le nôtre, nous entendons par essai toute réflexion écrite centrée prioritairement sur les opinions et les connaissances de l'auteur, sans prétention de répondre aux critères de la logique scientifique standard.
Sachant que les différents styles se recouvrent principalement en sciences humaines et sociales, nous ouvrons cette rubrique aux écrits plus subjectifs, moins formels, aux progressions logiques et aux structures moins conventionnelles et moins académiques, mais qui mettent l'accent sur des problématiques et des interrogations potentiellement fructueuses pour l'articulation psychanalyse-sciences. L'essai, de cet angle de vue, peut être entendu comme le point de départ pour le développement de nouvelles hypothèses et perspectives de recherche qualitative et/ou quantitative.
Les textes destinés à cette rubriques ne sont pas soumis à une relecture en double aveugle; ils seront jugés uniquement par le comité de rédaction de la revue.
LABORATOIRE
D'IDÉES
Afin d'accomplir sa mission de garant de la pluralité, In Analysis publie de brèves présentations de recherches (mémoires, thèses de doctorat, travaux en cours) permettant le développement de l'ancrage scientifique de la psychanalyse.
Le texte de la présentation doit comporter au maximum 12 000 caractères (espaces compris) et indiquer le nom de l'Université et du directeur de mémoire, l'année de soutenance (si elle a eu lieu) et une brève bibliographie (maximum 10 références).
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